Né en 1685 à Eisenbach (Saxe) dans une famille où l'on était musicien de père en fils, Johann Sebastian Bach débute dans la carrière comme violoniste dans l'orchestre privé du duc Johann Ernst de Weimar. Il est très vite nommé organiste à la Neue Kirche d'Arnstadt (1703). C'est là qu'il compose sa première œuvre religieuse : la cantate
Denn du wirst meine Seele nicht in der Hölle lassen, et ses premiers morceaux pour clavier, dont le
Capriccio sopra la lontananza dei suo fratello dilettissimo. En 1705, il fait le mémorable voyage à pied d'Arnstadt à Lübeck pour y écouter le célèbre organiste Buxtehude qui lui offre comme à d'autres avant et après lui sa succession, avec pour condition d'épouser sa fille.
C'est sa cousine, Maria Barbara, qu'il épouse deux ans plus tard après avoir accepté, cette même année, le poste d'organiste à la Blasiuskirche de Mülhausen. Maria Barbara lui donnera sept enfants dont deux deviendront de grands musiciens : Wilhelm Friedebann (1710-1784), surnommé le "Bach de Halle" et Carl Philipp Emanuel (1714-1788), le "Bach de Berlin et de Hamburg". À Mülhausen, Bach écrit trois cantates :
Aus der Tiefe rufe ich ,
Herr, zu dir ,
Gott ist mein König, et
Der Herr denket an uns.
En 1708, il occupe un poste de musicien de chambre et d'organiste à l'austère cour luthérienne de Weimar où il compose ses premières grandes œuvres pour orgue, dont le début de l'
Orgelbüchlein (recueil de 46 chorals), la
Toccata et fugue en ré mineur (1709) et la
Passacaille et fugue en ut mineur (1716), ainsi que des ouvrages pour clavecin (toccatas, concertos).
A partir de 1717, Bach est nommé maître de chapelle à la cour réformée de Léopold d'Anhalt-Köthen. De cette époque, datent de nombreuses œuvres instrumentales comptant parmi les plus importantes de sa production. Ainsi la
Fantaisie chromatique et fugue (1720), les
Concerts brandebourgeois (1721), chefs-d'œuvre du genre, le
Clavier bien tempéré (1721) ainsi que des suites, des concertos, etc.
Maria Barbara meurt en 1720. Bach se remarie l'année suivante avec la cantatrice Anna Magdalena Wülken qui lui donnera, elle, treize enfants dont deux seront également des musiciens de renom, Johann Christoph Friedrich (1732-1795), le "Bach de Bückebourg" et Johann Christian (1735-1782), le "Bach de Milan et de Londres".
En 1732, il accepte le poste de cantor à l'école Saint-Thomas de Leipzig (1723), avec pour mission d'assurer aux élèves aussi bien l'enseignement musical que l'étude du latin, tout en étant chargé de fournir de la musique pour quatre églises !
Malgré ces multiples et astreignantes fonctions, la longue période de son cantorat à Leipzig devait s'avérer étonnamment féconde. Dans les premiers temps, Bach compose surtout des cantates d'église. Il allait en écrire au total quelque trois cents, dont près de deux cents seulement nous sont parvenues. Mais aussi, l'
Oratorio de Pâques, le
Magnificat (1723),
la Passion selon saint Jean (1723) et la
Passion selon saint Matthieu (1729), l'un des sommets de la musique sacrée ; des cantates profanes à l'occasion des festivités de la famille régnante de Saxe ; l'
Oratorio de Noël (1734), l'
Ouverture dans le style français, le
Concerto italien ainsi que l'
Oratorio pour le jour de l'Ascension (1735) et la
Messe en si mineur (1732-1737).
En dépit de ses lourdes charges, Bach trouve encore le temps d'effectuer divers déplacements (dont se plaindront ses employeurs à l'esprit tracassier) à Weimar, à Cassel, à Dresde (où il écrira pour le comte Keyserling les
Variations Goldberg, publiées en 1742. À l'invitation de Frédéric II de Prusse, il se rend en 1747 à Potsdam où il improvise une fugue sur un thème donné par le roi. Il en fera l'
Offrande musicale dès son retour à Leipzig.
Les dernières années de sa vie, il travaille surtout à son
Art de la fugue qu'il n'aura pas le temps d'achever. Atteint d'une grave maladie des yeux, il meurt en 1750, des suites d'une opération chirurgicale.
Bach laisse une œuvre monumentale, aussi bien instrumentale que vocale. Il fut admiré universellement de son vivant pour sa virtuosité, mais peu apprécié comme compositeur. Il faudra attendre un siècle avant que son génie musical soit enfin reconnu.
« Une œuvre de Bach est l'aboutissement des huit siècles de contrepoint et des différentes civilisations qui l'ont précédée. Portant à leur plus haut degré de perfection toutes les principales formes traditionnelles, elle transmet à la postérité une somme du savoir musical européen... elle est l'aboutissement et le point de départ d'une culture prodigieuse. »
Roland de Candé, Dictionnaire des compositeurs, Éditions du Seuil, 1996.